dimanche 12 octobre 2014

Ugly, un film bouleversant qui porte bien son nom!


Je rentre d’une magnifique expérience de travail de trois mois en Inde, à quelques 200 kilomètres de Bombay (anciennement appelée Mumbai). Et voilà que j’apprends la vision presse du dernier film de Anurag Kashyap, intitulé UGLY. Curieuse, j’y fonce!

Bombay. Mégalopole saturée, polluée, grouillante. Une fillette disparaît. En proie à des conflits personnels profonds, ses parents et leurs proches se rejettent mutuellement les responsabilités plutôt que de se mettre en devoir de retrouver la disparue…

Loin des sentiments rosés et des paillettes bollywoodiennes, le réalisateur joue avec les nerfs du spectateur dans un tourbillon de drames, de délinquance et de violence. Á travers ce portrait social au picrate, l’auteur ne semble rien vouloir travestir des scléroses vicieuses de la société indienne actuelle.

Et c’est le moins que l’on puisse dire. L’image que je me suis fait de la société indienne, avec ses figurants, est montrée telle quelle, sans aucune fioriture, parfois même de manière trop noire selon mon point de vue. Mais le milieu dans lequel les protagonistes évoluent s’y prête bien tout compte fait. Les failles de la police et la corruption, l’argent que les gens honnêtes gagnent difficilement et les tentations mises en place pour en gagner beaucoup plus facilement, la violence conjugale, la trahison entre amis ou au sein même de sa propre famille, la tromperie et la manipulation, des trafics divers et variés,… Voilà de tristes réalités qui sont monnaie courante en Inde, et très bien dépeintes dans ce film.

Ce thriller psychologique, très noir et violent vous ‘conte’ une histoire de famille et met en scène un homme (Rahul), un acteur qui essaye de percer, et son ex-femme (Shalini), qui est dépressive et se réfugie dans l’alcool et les médicaments. Kali, leur fille au caractère bien trempé, disparaît, et Shoumik (le nouveau mari de Shalini) est commissaire sur l’enquête. L’histoire est lancée. Mais ce n’est pas tout : chacun est tellement occupé à essayer de tirer profit de cette situation, ou tente de récolter les lauriers pour surmonter ses frustrations, que l’on a parfois tendance à oublier qu’une fillette de 10 ans a disparu.

L’administration indienne est aussi agaçante qu’ahurissante, avec cette scène que j’ai beaucoup appréciée, où l’on rigole de manière nerveuse tellement elle est absurde et joue avec nos nerfs: Rahul se rend au poste de police pour signaler la disparition de sa fille. Les policiers (présents au nombre de quatre, alors qu’un seul aurait été suffisant pour prendre la déposition) lui posent des questions sur son téléphone portable, ou d’autres questions inutiles et sans aucune importance, en négligeant l’élément important de cette rencontre, à savoir la disparition de la fillette.

Des flashbacks savamment dispersés tout au long du film nous permettent d’entrevoir les travers des protagonistes, qui ne sont pas toujours ceux que l’on croit, de creuser leur personnalité, et surtout de relancer la surprise – et parfois la révolte, auprès de l’audience.

Ce film d’un peu plus de deux heures (pour un film indien, c’est court) mérite d’être regardé en version originale (sous-titrée bien sûr). Il vous permet d’entrer pleinement dans le joyeux bordel d’une grande ville indienne telle que Bombay. Des ‘tikki’, ‘adja’, ‘nein’ et autres mots savoureux, entendus de manière récurrente durant le film, vous permettent de vous sentir comme si vous étiez à Bombay en train de mener cette enquête effrénée!

Quelques mots sur le réalisateur

Nous voilà bien loin du Bollywood à paillettes, qui tombe dans la comédie musicale à n’importe quel moment. Anurag Kashyap, fait partie du cinéma indépendant, qui émerge en Inde, et il n’a pas peur de regarder son pays en face et le dévoiler tel quel.

Europalia India

Ce film a été diffusé dans le cadre de Europalia : c’est un festival qui, tous les deux ans présente l’essentiel du patrimoine culturel d’un pays, en mettant en scène toutes les pratiques artistiques : musique, arts plastiques, cinéma, théâtre, danse, littérature, architecture, design, mode, gastronomie…

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